
Image parJoakim Roubert de Pixabay
« Ah moi, tous les jours, je fais ma méditation ! »
« Et ça va mieux (dans ta vie) ? »
« En fait, pas tant que ça… toujours les mêmes emmerdes, les mêmes soucis… Mais quand je médite, je suis bien, hein ! Attention, faut pas croire !… »
Oserai-je dire « tout faux ! » ?
Après nous avoir vendu un intérieur « zen » qui ne l’est en fait pas – et vu surtout que ça ne fonctionne pas (cf mes articles précédents sur les couleurs) – on nous propose un nouveau remède miracle pour aller mieux : la méditation ! et dans sa version « suréquipée », la Pleine Conscience… Nombre de revues, d’émissions, de sites internet, de pages de réseaux sociaux glorifient ce « nouveau » moyen d’atteindre la paix intérieure. Nouveau ? pas tant que ça d’ailleurs, puisque l’on s’appuie entre autres sur la pratique de nombre de moines à travers le monde depuis des millénaires, les Tibétains souvent en tête de liste, pour nous montrer que cela ne vient justement pas du dernier gourou hippie à la mode, et c’est quelque chose de « solide ! », de « pérenne » comme on dit si bien aujourd’hui…
Vous l’avez bien compris, aujourd’hui, le plat de résistance sera la « méditation. » Et nous allons tenter de voir jusqu’où les arguments que l’on nous avance sur cette pratique peuvent justement résister, au regard de la commercialisation (abusive ?) que l’on en fait.
Avant de comprendre ce que devrait être la méditation, ce qu’elle peut nous apporter et surtout ce qu’elle implique, commençons par balayer le plus simple : les moines Tibétains. Si vous relisez attentivement et avec perspicacité les trois derniers mots de la précédente phrase, je ne devrais presque pas avoir d’explications à donner. Nous parlons en effet de… moines !… Bingo ! nous parlons de personnes qui justement ont décidé de vouer leur vie entière à la réflexion ! c’est, pour ainsi dire, leur « métier », et leur « mérite », si l’on prend ces lettres dans un ordre différent.
Et pour le coup, ces individus méditent « réellement », « officiellement. » Ils ne s’assoient pas un quart d’heure par jour avec une musique douce, en respirant profondément et en tentant de chasser les pensées négatives pour attirer le bonheur dans leur vie. Non, ils « entrent » littéralement en méditation, avec tout ce que cela devrait impliquer et que nous allons nous atteler à découvrir.
J’ai l’air quelque peu radical, je l’avoue, mais je vais vous avouer autre chose : j’ai rarement supporté qu’on me prenne pour un imbécile ! Pas vous ? Et là, j’ai franchement, comme pour les couleurs dans lesquelles on veut nous faire vivre, l’impression que c’est le cas. Je ne suis pas non plus « conspirationniste. » Je me contente juste d’observer, d’analyser, de réfléchir, de chercher, et ensuite je me permets humblement d’en tirer des conclusions.
Si je donne l’air de tirer à boulets rouges sur quelque chose dont tant de monde dit que cela leur fait grand bien, c’est que j’ai vraiment l’impression que sur le fond, il y a quelque chose qui cloche et, pour le coup, mon âme de chevalier blanc ne peut s’empêcher de réagir. J’ai l’impression que nous sommes en train de nous endormir sous le masque de l’anesthésiste, que nous ne nous sentons pas partir, et que du coup il faut crier vraiment très fort pour que nous sortions enfin de cette « douce torpeur. » Car peut-être est-on en train de « tor[dre nos] peurs » pour mieux nous endormir…
Je ne vous donne pas l’impression d’être « zen » ? Et pourtant…
La traduction la plus juste – un idéogramme se traduit rarement « littéralement » – est ICI ET MAINTENANT. J’ai volontairement mis en lettres capitales et souligné CHACUN des trois mots. En effet, chacun à autant d’importance que les autres, et chacun est porteur d’un message en particulier.
Nous vivons dans un univers qui est notamment défini en termes « d’espace-temps. » Ce qui veut dire que l’espace et le temps se confondent pour exprimer où et qui nous sommes. La plupart des scientifiques s’accordent même à dire qu’en Physique, le « temps », en tant que notion individuelle, à part, autonome, n’existe pas ! Nous faisons souvent référence à ce « mélange » dans notre propre vocabulaire, sans plus y prêter d’attention que cela :
Le « présent » fait référence généralement à la temporalité. Et pourtant, « je suis présent » est utilisé pour parler d’espace – à tort, du coup ?
Pour mesurer les distances dans l’univers, on utilise… le temps !
Pour parler du temps, nous utilisons des prépositions … de lieu : vivre dans l’instant, arriver en temps et heure, …
Je vous laisse le soin de compléter à loisir cette liste.
L’un est indissociable de l’autre. Le temps ne peut exister sans l’espace, et réciproquement. Sinon il nous manquerait une dimension dans notre vie, notre développement et notre évolution. Les deux ne peuvent exister qu’ensemble, pour que chacun puisse lui-même exister. C’est un peu comme le Yin et le Yang dans le Tao chinois. L’omniprésence de l’un ou de l’autre déclencherait un état soit de néant, soit de plénitude, mais où en tout état de cause rien ne pourrait être créé tel que notre univers « existe » autour de nous.
Cela me ramène donc vers un premier point évoqué plus haut : la Pleine Conscience.
Où suis, où cours-je, et dans quel état j’erre : là où mes potes iront !
Cette manière de méditer et d’aborder le monde est particulièrement à la mode en ce moment, jusque dans certains « ateliers bien-être » dans les entreprises. Le principe de la Pleine Conscience consiste, tel que généralement présenté – et in fine commercialement galvaudé –, par des exercices de méditation, à prendre pleinement conscience de ce qui nous arrive, en nous et autour de nous, ce qui nous entoure au moment présent. Son but est de
ne plus se tracasser d’un passé que l’on ne pourra « théoriquement » pas changer puisqu’il est révolu
ne pas s’angoisser au sujet d’un futur qui n’est pas encore arrivé et qui, de toute façon, dépendra de ce que nous vivons justement dans notre présent.
prendre justement la pleine mesure de ce fameux présent, pour l’optimiser et ainsi construire un meilleur futur. A la nuance – non négligeable – près que notre futur devient en fait une succession de moments présents engendrés chacun par l’optimisation du précédent
Sur le papier, ça fait rêver ! On vit à fond son présent, qui engendre un présent suivant d’autant meilleur, et il n’y a plus à s’inquiéter du passé, puisque chaque moment précédent a de toute façon été vécu du mieux qu’il pouvait l’être… Bref, on a vaincu le Temps !
Certes, mais nous venons de voir que le l’espace sans le temps ne peut exister… Mais, surtout, et paradoxalement, avez-vous noté que l’axe d’approche est principalement, pour ne pas dire uniquement, tourné vers la notion de temporalité, vers le seul « maintenant. » Ne manquerait-il pas « l’ici ? »
Cette notion de temporalité ouvre un autre paradoxe quant au simple fait de méditer. En effet, la méditation s’entend généralement comme le fait de s’octroyer un moment dans la journée, quelle que soit sa durée, pour « réfléchir », de manière profonde et posée, quelles que soient les techniques employées. La Pleine Conscience invite à prendre conscience du « moment présent », mais nous sommes que nous le voulions ou non, rythmés par des référents temporels : secondes, minutes, heures, jours, mois, etc.
Pour que la Pleine Conscience soit efficace à cent pour cent, nous devrions être constamment en train de méditer pour être au paroxysme de nos vies. Essayez simplement de méditer tout le long de votre journée de travail et de répondre à votre patron furibard de votre baisse de productivité « j’peux pas j’ai méditation ! » et revenez m’en parlez… Vous risquez effectivement d’avoir tout le temps que vous souhaitez pour méditer sur votre condition à la suite de cela.
Nous venons d’aborder la notion du temps, particulièrement présente dans la façon dont nous est présentée cette forme de méditation. Mais qu’en-est-il de l’espace ? Vous trouverez dans nombre d’articles et de livres sur la Pleine Conscience la notion « d’avoir conscience de ce qui nous entoure », et donc par extension d’où l’on est… Mais est-ce suffisant ? De manière très pragmatique, l’on vous expliquera également « où » méditer, et à quoi devrait ressembler l’endroit idéal… Là encore, est-ce suffisant ?
C’est en réalité beaucoup plus subtil et beaucoup moins superficiel que cela. Prenons un exemple simple : que vous soyez assis directement par terre, votre corps au contact du sol, ou sur un tapis de yoga, dans les deux cas avec tout plein de bougies, voire de l’encens, une lumière et une musique douces, vous aurez l’impression que ce qui vous entoure n’a pas changé, avec ou sans tapis… Or il y aura bien une différence : votre « connexion » à la terre, le fameux « ici » de l’équation. Le tapis de Yoga, aussi fin soit-il est un « obstacle » entre votre corps et le sol, la terre… L’ici n’est en fait rien d’autre que votre ancrage, la conscience – justement – d’exister et d’être pleinement relié(e) à la terre. Mais je reviendrai plus en détail sur ce point plus loin dans cet article.
Vous devez avoir l’impression que je suis en train de mettre à mal tout ce que l’on est en train de vous donner comme solution pour aller mieux… Pas très bienveillant tout ça… Je me suis rarement contenté de « gober tout cru » ce que l’on me dit, et encore moins ce que l’on m’enseigne ! donc je « démonte », j’observe, j’analyse… Et pour mieux comprendre pourquoi je viens de « mettre en pièce » la Pleine Conscience, je pense que je vous dois quelques explications sur la méditation elle-même.
Parce que, d’abord, ça dire quoi, méditer, en fait, hein ? Je vous propose donc d’aller explorer ensemble le sujet !
C’est grave, docteur ?
La recherche de l’étymologie du mot « méditer » (merci Wikipédia et consorts !) est particulièrement inspirante :
Au plus proche de nous, et du mot lui-même, puisqu’il lui emprunte son radical, nous avons le latin. « Medeo » signifie notamment « prendre soin de, protéger. » Et oui, nous sommes dans le même champ lexical que « médecin » et « remède ! »
Du côté du grec, un peu plus ancien (le latin ne s’est pas construit « tout seul… »), nous trouvons « mathos » et sa famille lexicale, qui emportent la notion « d’apprendre », de « connaissance », « d’éducation », « d’instruction » et de « pensée »
Enfin, certains linguistes font même remonter ces racines au sanscrit, avec « madha » : sagesse
Edifiant, n’est-ce pas ?
En tout état de cause, n’oublions pas qu’aux prémices de l’humanité, et que longtemps pendant l’Histoire de notre monde, savoir et « médecine » dépendaient d’un même individu, que nous qualifierons génériquement de « chaman », même si ce concept s’étendait alors à tous les peuples de la terre.
Certains peuples ont gardé jusqu’à nos jours leurs chaman, même si notre société ultra-rationnelle et rationaliste les regarde en coin, non sans une certaine suspicion. Ces hommes-médecine, témoins et héritiers d’une pratique plurimillénaire, pour ne pas dire antédiluvienne, dans le plein sens du terme, vous diront tous que pour amener à la guérison, ils ne font qu’écouter et recevoir leurs instructions de la Nature qui nous entoure, qu’ils ne sont que des vecteurs et des sortes de « traducteur » de ce que notre environnement souhaite nous informer.
L’on peut difficilement évoquer les chamans sans parler de leurs célèbres « transes… » Quels que soient les moyens et les méthodes pour l’atteindre, la transe est avant tout – et seulement – un « état modifié de conscience » qui leur permet une perception augmentée de la réalité qui nous entoure. Au gré de notre éducation et des conditionnements qu’elle génère, qu’ils soient « apportés de l’extérieur » ou que nous les élaborions nous-même en réaction aux stimuli que nous recevons, nous finissons par construire un système particulièrement efficace – bien malheureusement – de filtres à la perception de notre environnement.
La taille moyenne d’un disque dur d’ordinateur actuel est d’environ un Téraoctet, soit un million de million d’octets. Dites-vous que notre cerveau perçoit, analyse, traite, classifie « à fond », mais surtout enregistre la moitié de ce disque chaque … seconde ! Impressionnant, non ? Mais savez-vous combien il nous en restitue chacune de ces mêmes secondes ? 2 500 octets ! Vous avez bien lu : deux mille cinq cents (malheureux petits) octets… Pour vous donner une échelle de grandeur, le simple point qui se trouvera à la fin de cette phrase « coûte » déjà 10 000 octets. Et il a été « tapé » et généré en moins d’une seconde ! Merci les filtres ! Ou pas…
Nonobstant le côté qui pourrait paraître quelques fois folklorique des méthodes chamaniques, ces pratiques ont une véritable raison d’être. La transe n’est ni plus ni moins qu’un stade avancé, et d’autant plus avancé qu’il est maîtrisé, de notre fameuse méditation.
Un des piliers principaux de la méditation est l’écoute, car c’est cette écoute qui nous apportera des solutions, suivant la fréquence que nous choisirons délibérément ou atteindrons.
Certes, mais écouter quoi ?
« Miroir, mon beau miroir… »
La plupart des méthodes « commerciales » de méditation nous sont vendues comme des moyens pour atteindre un unique objectif : mieux « réfléchir », pour aller mieux…
Ceux qui me connaissent le savent déjà, les autres, vous allez vite l’apprendre : j’adore jouer avec les mots !
L’association méditer-réfléchir est presque trop simple à faire : je m’assoie tranquillement – voire je m’isole –, je respire profondément quitte à m’aider de musique et d’odeurs particulières (mince alors ! j’agis comme un chaman ! oups…) et… je réfléchis ! Waouh ! Trop cool ! Surtout, je n’oublie pas de bien investir mon corps, « jusqu’au bout de mes orteils ! », je ressens « pleinement » le petit courant d’air qui me caresse, j’emplis mes narines des « envoûtantes » fragrances qui m’accompagnent, mon corps vibre à « l’unisson » des sons qui m’enveloppent…
Et je ferme les yeux.
Surtout, je ferme les yeux.
Avez-vous remarqué que la plupart des méthodes de méditation que l’on nous propose nous privent de la vue ? Bizarre, non ?
Si je vous en parle, vous vous doutez bien que je dois avoir ma petite idée sur la question…
Revenons à notre fameux verbe réfléchir : son deuxième sens, tout aussi commun que celui lié à la pensée, nous parle de « renvoyer une image… »
« Les yeux sont le reflet de l’âme. » Les yeux sont la seule partie du corps dont nous ne pouvons pas contrôler l’expression. Si les joueurs de poker, les Orientaux dont la proxémique est très faible, portent tous des lunettes de soleil, même à l’intérieur, c’est qu’ils auront beau réussir la meilleure Poker Face du monde pendant leurs « négociations », leurs yeux exprimeront toujours leurs émotions en temps réel, quitte à les trahir. Et ces micro-expressions, même si elles font partie des informations « non-restituées » par les filtres de notre cerveau, sont bel et bien enregistrées. A un point que de là, entre autres, est née la « Communication Non Verbale. »
Car notre cerveau, si éblouissant soit-il dans ses performances, fonctionne sur un système uniquement empirique. Chacune de nos réactions est le résultat d’une analyse de nos mémoires d’événements et d’expériences similaires déjà vécues, consciemment ou non – traduction : avec ou sans filtre –, et de l’élaboration en conséquence de la « meilleure réponse possible compte tenu des informations disponibles en mémoire. » D’où d’ailleurs, le succès – et l’efficacité ! –, de techniques comme l’hypnose qui permettent de « remonter » le plus possible à la source pour « déprogrammer » la réponse « initiale » à « l’expérience zéro » qui aura, quelque fois malgré nous, conditionné toute une vie à sa suite.
Or l’hypnose n’est rien d’autre que « méditation guidée. » L’hypnothérapeute qui, grâce à l’apprentissage de ses techniques, a su se débarrasser de plus de « filtres » que son patient qui lui a plutôt tendance à s’en retrouver prisonnier, va « guider » ledit patient dans les méandres de son inconscient quelque peu encombré et emmêlé.
Comme vous avez encore vos yeux bien ouverts, vous commencez à entrevoir que la méditation implique une rentrée en soi, qu’elle revêt un caractère particulièrement, pour ne pas dire complètement, introspectif. En témoigne ces yeux que l’on ferme. Notre âme ne projette plus son film à l’extérieur, à la vue de tous, mais sur l’écran de nos paupières. C’est la propre image de notre âme qui se « réfléchit » en nous, en « séance privée. » A nous de bien l’étudier, de comprendre, d’assimiler les messages qu’elle nous transmet.
« Actif à l’intérieur et ça se voit à l’extérieur » (yaourts Activia)
Ce titre ne doit rien au hasard – d’ailleurs le hasard n’existe pas, d’abord ! En Langue des Signes, le signe pour « méditer » est en fait le même que pour … digérer ! Bizarre, non ? Et pourtant tellement porteur de sens ! Par contre, désolé, mais le Bifidus n’est pas un activateur de méditation, du moins pas de premier rang.
Eh, au fait, comment ça marche la digestion ? En décortiquant le truc, peut-être qu’on y trouverait des informations pour la méditation, non ? Allez, chiche !
Parlons peu, parlons bien, la digestion est le processus qui transforme ce qui nous ingérons en substances utiles et bénéfiques au fonctionnement de notre corps, processus qui a lieu entre l’introduction des aliments dans la bouche et la défécation à l’autre bout du « tuyau : »
L’aliment est d’abord déchiré et écrasé par nos dents, et mélangé à la salive que nous produisons en conséquence, salive dont les propriétés acides dégrossissent déjà le travail à suivre
Puis les morceaux sont acheminés dans l’estomac par l’œsophage
L’estomac est une sorte de grosse lessiveuse dont les mouvements réflexes continuent de morceler ce qui a été avalé. Par ailleurs, l’estomac produit de l’acide chlorhydrique (rien que ça !) pour accélérer la décomposition. Certains mélanges d’aliments peuvent également générer de la fermentation (vous savez, un peu comme le lait qui tourne…) à l’intérieur de l’estomac. Glamour, n’est-ce pas !? non ? ah bon… Pour information, la fameuse mauvaise haleine matinale n’est que l’expression olfactive de ce qui s’est déruolé dans notre ventre. Le relâchement de nos muscles la nuit rend les « clapets anti-retour d’odeur » un peu moins « étanches… » Et, au passage, pour le « fun », une des meilleures (sic) combinaisons pour faire fermenter votre estomac est le sacro-saint « steak frites… »
Etape suivante : l’intestin grêle. L’intestin est le sas de communication avec le reste du corps, c’est à travers ses parois poreuses que les nutriments, vitamines et autres substances nécessaires à notre vie vont pouvoir passer dans le sang notamment. Pour continuer le travail de décomposition, foie et vésicule biliaire, pancréas et estomac vont envoyer chacun leurs « sucs » afin d’accélérer le processus. Chaque suc aura sa fonction extractrice propre, qui pour les sucres, qui pour les graisses (qui sont émulsionnées, sympa, non ?), qui pour les protéines, etc. L’intestin lui-même, avec son macrobiote, sa « flore » (bactérienne, unique et propre à chaque individu) va contribuer à la « rentabilisation » du bol alimentaire.
Ce qu’il reste du bol entre ensuite dans le colon, dernière étape avant la défécation. Les matières restantes, non digérées préalablement sont déshydratées et « consolidées » pour former les futures fèces, et certains éléments qui n’ont pas pu être extraits avant, notamment la cellulose, l’urée, y sont synthétisées.
Dernière étape, la défécation. Ce que nous « expulsons » est constitué de ce que nous n’avons pas du tout digéré plus la matière résiduelle de notre bol alimentaire « vidée » de tout ce qui a pu « nourrir » notre corps avant. Et là encore, ça ne sent pas la rose…
Mais pourquoi vous avoir détaillé la digestion alors que nous parlons de méditation ? Parce que la Langue des Signes ne croit pas si bien faire et dire en utilisant le même geste pour les deux mots ! La méditation, c’est le processus digestif de notre esprit, et comme pour notre corps, ce n’est pas le Pays des Bisounours dans notre tête lorsque l’on médite vraiment ! Quand je digère, « je dis : j’erre… » La méditation profonde secoue, agite, décompose, fermente, émulsionne et fait puer notre esprit… qui est certes nourri au passage, et bien heureusement…
A quoi ça sert donc de méditer, si cela consiste à – excusez-moi l’expression – « remuer la merde » qu’on a dans notre esprit ? Qu’est-ce qu’une méditation efficace, et en quoi cela nous apporte-t-il, quand même, la « paix de l’esprit » ?
De profundis
Une autre façon de lire « méditer » est celle du titre de cet article : « m’éditer. »
L’éditeur, dans le monde du livre, est celui qui va veiller à ce que le manuscrit rédigé par l’écrivain soit en état d’être publié. Outre le simple travail de correction orthographique et grammaticale, il va s’assurer de la cohésion de l’ensemble du texte, que le style soit maintenu, qu’il n’y ait pas d’anachronisme ou d’invraisemblances… bref, il est une sorte de miroir de l’écrivain, il lui renvoie l’image de son œuvre, car il est de toute façon bien connu que l’on ne voie rien quand on a le nez sur le tableau. L’écrivain, tout à sa création n’a pas le recul nécessaire pour appréhender l’œuvre dans son ensemble et en repérer les éventuels défauts. Une fois le manuscrit « mis en conformité » suivant les recommandations de l’éditeur, il peut être publié – rendu public –, imprimé, diffusé et vendu.
Il en va de même avec la méditation. Elle est une invitation à éditer notre propre esprit.
La plupart des méthodes de méditation qui nous sont actuellement proposées proposent de se concentrer sur un sujet particulier et de « laisser venir les réponses », en se concentrant principalement sur le positif. Cependant, peu nous donnent la marche à suivre avec le négatif. Pour elles, se concentrer uniquement sur le positif suffit à améliorer notre quotidien et nous apporter la « paix de l’esprit. »
Une fois de plus ce n’est pas si simple, car cela ne répond toujours pas complètement à nos questions.
Une partie majeure de la réponse se trouve en fait dans les Ecritures Sacrées – la Bible, le Coran, la Torah, les textes bouddhistes, védiques, etc.
Il faut ici faire abstraction de l’aspect religieux, qui a seulement permis à certains hommes a priori plus éclairés que la moyenne de dire aux autres comment vivre, parce qu’eux-mêmes avaient eu telle ou telle interprétation du texte, et d’ériger le tout en dogmes.
Ces livres sont avant tout de formidables outils de développement personnel ! et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces textes n’ont pas à être appliqués stricto senso, mais avant tout « compris ! » Les commandements à suivre qui ont été mis en place par les religions au fil du temps devraient en fait être des comportements qui découlent naturellement du travail d’introspection que nous incite à faire ces Textes. Le problème a été pris à l’envers !
Je ferai ici référence principalement à la Kabbale hébraïque, car elle a l’avantage de couvrir à la fois la Bible et la Torah, mais cela marche tout aussi bien avec les autres Textes. Il s’agit ici d’un retour au texte « pur », au texte originel, au plus près de ses premières rédactions, qui plus est dans sa langue « d’origine », un texte qui a donc subi le moins de transformations possibles. Et c’est cela qui nous intéresse principalement. Notre alphabet latin, en figeant les mots en des assemblages de lettres qui produisent des sons, a été une des premières langues à perdre son caractère directement et intrinsèquement « sacré. » En Hébreu, cependant chaque lettre a, par exemple, la particularité d’avoir une signification propre, un concept associé. Par ailleurs, l’absence de voyelles permet la construction de plusieurs mots à partir des mêmes lettres.
Les jeux de mots, les réécritures auxquels je m’adonne dans mes articles ne le sont qu’en apparence. Il s’agit en fait d’un procédé appelé la Langue des Oiseaux, la langue des Alchimistes. Il s’agit en fait d’une forme de kabbale appliquée à notre langue « latine », nous ouvrant des horizons bien plus larges dans la compréhension de notre vocabulaire. Tout comme dans la Kabbale un mot sera porteur non seulement de sa définition la plus courante, il portera également en lui le sens de chaque lettre qui le compose, et de tous les mots qui pourront être formés à partir de ses consommes, ce dernier procédé s’appliquant aux deux sens de lecture, quand bien même l’Hébreu se lit habituellement de droite à gauche.
C’est en lisant la Bible et la Torah à l’aide cet outil que l’on commence à vraiment comprendre le « vrai » but de la méditation et ce qu’elle implique réellement. Les Textes Sacrés dans leur ensemble sont avant tout des manuels d’Alchimie, certes non opérative, qui permettent de s’élever spirituellement.
Car le but de la méditation n’est pas – et n’a jamais été – le bien-être et la paix de l’esprit ! la méditation sert uniquement et seulement à notre élévation spirituelle individuelle, au rapprochement de notre « divin intérieur » si l’on veut garder un vocabulaire « religieux. » Toutes les réponses sont en nous, et la méditation est le moyen de les atteindre.
Et cela ne va pas sans peine… R.I.P. les bougies, les musiques douces, et les Bisounours !…
« Va de retro, Satanas ! »
Une fois de plus, cette expression n’est pas innocente. Car méditer, c’est partir affronter nos « démons intérieurs » et les transcender pour pouvoir passer à l’étape supérieure.
Satan et le Diable ne sont pas des entités à part entière comme l’on s’est plus pendant des siècles à nous faire croire pour mieux nous manipuler, en nous ballotant entre le Père Noël – Dieu – et le Père Fouettard – le Diable – pour que l’on se tienne « tranquille » toute l’année en attendant d’obtenir nos cadeaux, notre « passeport pour le Paradis… »
Satan et le Diable sont d’abord et avant tout une seule et même personne : nous-même !
Satan signifie initialement « opposant », et Diable « ce(lui) qui divise. » Pour la faire aussi courte que possible, nous sommes ici, « sur Terre » dans une dimension « duale » : matière/esprit, masculin/féminin, etc. Le but du je[u(!)] est de retourner vers « l’unité », retourner à l’état « d’esprit », qui est en tout état de cause le plus abouti. Pour cela il faut comprendre ce qui nous divise, ce qui nous coupe de notre « essence spirituelle » – le Diable –, et les obstacles qui nous empêchent d’y « retourner » – Satan.
Et c’est là qu’entre réellement en jeu notre chère méditation. Face à un problème donné, une pensée, suite à une lecture, en quête d’une réponse valable, notre âme va « fermer les écoutilles » et commencer sa projection privée intérieure. C’est grâce à la méditation que nous allons passer de « je dis : j’erre » à « je dis : gère », que nous allons procéder à notre propre édition. C’est grâce à la méditation que nous allons chercher, identifier puis transcender ce qui nous divise, nous empêche de nous (ré)unir à notre essence, ce qui fait barrage à notre ascension spirituelle.
Mais pour cela, il faut accepter de s’affronter tel que l’on est vraiment, accepter d’aller, comme je l’ai dit si « poétiquement » plus haut, « remuer la merde… » N’oublions pas ce qu’elle représente : c’est toujours bel et bien notre « bol alimentaire »
avec ce qui n’a pas pu être digéré (et qui ne représentait donc aucun intérêt pour notre corps)
et ce qu’il reste après extraction de toutes les matières utiles et nécessaires à la vie et l’équilibre de notre corps, et par extension de notre esprit.
Le processus digestif n’est pas sans rappeler le travail alchimique, avec son creuset, qui reçoit la matière première, son athanor, ce four qui va permettre de réaliser les opérations de transmutation, ses alambics qui vont recueillir les vapeurs pour en extraire « l’esprit » (comme c’est bizarre… ou pas !), et surtout cette notion d’aller du lourd vers le léger. Le lourd c’est le bol alimentaire, la matière brute, le léger ce sont les nutriments, les vitamines, les protéines, etc.
Pour notre esprit, c’est pareil. Nous devons aller du lourd vers le léger. Bien plus que trouver la paix de l’esprit, la méditation nous conduit à la paix intérieure. Mais cela ne va pas sans mal ! Pour cela, il nous faut accepter d’affronter qui nous sommes vraiment, en notre plus profonde intimité, accepter de reconnaître nos défauts, de plonger à pleines mains dedans, accepter de comprendre ce qui nous retient tant à notre matérialité et pourquoi, accepter de lever un à un les filtres qui nous ont embué jusqu’ici, et surtout accepter inconditionnellement ce qui se cache derrière, car n’oublions pas que plus longtemps ça reste « immobilisé », plus ça fermente !
Ce n’est qu’à ce prix-là que nous pourrons nous transcender, réduire nos parts de Satan et de Diable et surtout réduire leurs rôles dans nos vies. Ce n’est qu’à ce prix-là que nous pourrons enfin nous alléger et nous rapprocher chaque fois plus de notre esprit, de notre essence, uns, unis, uniques…
Ce n’est qu’après avoir évacué nos « fèces spirituelles » que nous pourront prétendre être chaque fois un peu plus en paix avec nous-mêmes.
« Science sans conscience… »
Vous l’aurez compris, nous sommes loin de la version « cui-cui-les-p’tits-zoziaux », aseptisée, qui sent bon la Rose et le Jasmin (en bougies bien sûr !), de la méditation que l’on veut bien nous vendre.
Ouvrir son esprit et ses chakras, c’est bien, mais il faut alors accepter de prendre TOUT ce qui viendra à nous même, et surtout oserai-je dire, si ça pue ! Car paradoxalement, c’est dans ce magma putride que nous trouverons les plus belles pépites… Les trésors ne sont jamais à la vue de tout le monde : ils sont au fond des puits, enfouis dans la vase, au fond des grottes, ou bien enterrés sous terre… Pour les gagner, il faut accepter de faire des efforts… et de se salir !
Ce que l’on nous propose aujourd’hui comme outils de « conditionnement », de préparation à la méditation sont utiles, cela ne fait aucun doute, même s’ils sont des versions « glamourisées » de ceux des chamans. Il faut en effet être vraiment prêt à affronter ses démons pour progresser. Et le passage de certaines étapes requerra quelques fois une préparation plus forte, plus poussée, une descente en soi et une exploration plus profonde pour lesquelles, en l’état, une aide tierce (et professionnelle) sera nécessaire. Il est en effet particulièrement difficile d’être objectivement juge et partie au même procès.
Cet accompagnement permettra, notamment les premiers temps, d’assurer, ainsi que je l’évoquais dans le début de cet article, votre ancrage. Car en effet, le principe de laisser ses pensées « vagabonder », même si c’est pour mieux les trier, peut vous transformer en « montgolfière ». A force de réfléchir, vous risquez de perdre pied et contact avec la réalité. Pour reprendre une image chère à nombre de ces « vendeurs de bien-être », un arbre ne peut bien pousser et se déployer que s’il dispose de racines s’enfonçant dans le sol au moins équivalentes à sa ramure aérienne. Nous sommes des être de dualité, matière/esprit, et notre sens de progression est ascensionnel, de la Terre vers le Ciel. Et pour mieux nous élever, nous devons être bien ancrés au sol, sinon nous serons, selon l’expression biblique, emportés par le vent comme la paille…
La Pleine Conscience, c’est bien, mais surtout si c’est celle de qui nous sommes réellement, avec nos parts d’ombre et de lumière, et qu’elle nous mène chaque fois plus vers notre essence originelle et spirituelle. C’est cette conscience là qui nous donnera justement la pleine conscience de ce qui nous entoure, car comme il est dit en Alchimie, « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, ce qui est dedans est comme ce qui est dehors.
Si nous éditons correctement les bouts de pellicule que projette notre âme à l’intérieur de nous-mêmes lorsque nous méditons, il n’en sera que plus enrichi lorsque nous ouvrirons les paupières et que nous le projetterons à l’extérieur de nous-même. Nous serons certes perçus différemment par les autres, à l’aune de ce que nous projetons mais, surtout, les filtres que nous aurons peu à peu enlevés devant notre projecteur nous ferons également voir la vie sous un autre angle, et surtout moins « déformée. »
Nous ne nous éloignerons ni ne nous séparerons de notre matérialité, car elle est en tout état de cause nécessaire à notre ancrage, mais nous la transcenderons, puisant dans sa fange les ressources nécessaires que nous sublimerons pour contribuer à notre ascension spirituelle.
En pratiquant correctement et à bon escient la méditation, nous arriverons – paradoxalement au regard de ceux qui nous ont donné ce nouveau joujou pour nous occuper – à un état de liberté et d’affranchissement des contraintes matérielles de ce monde dans lequel on souhaite nous faire vivre.
Sur ce, je vous laisse méditer sur cet article.
S’il a pu vous choquer ou vous déranger, demandez-vous justement pourquoi, ce que cela a « remué » en vous, pourquoi vous trouvez qu’il « pue », analysez, comprenez, intégrez et transcendez ce que cela a provoqué en vous, et vous aurez effectivement et efficacement médité pendant quelques instants…
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