top of page

« Je ne veux que ton bien ! » – Bienveillance : error #500

stevenclavel

Image parGerd Altmann de Pixabay

« L’enfer » est pavé de bonnes intentions, et nous allons tenter aujourd’hui de comprendre comment la façon dont nous exprimons les nôtres peut résonner chez ceux à qui nous souhaitons qu’elles bénéficient.

Ceux qui me connaissent, ou qui ont déjà lu d’autres articles/posts que j’ai publiés le savent : je suis un brin tatillon quant à l’expression, qu’elle soit écrite ou orale. Vous qui me lisez pour la première fois, vous allez vite le découvrir !

Vous souvenez-vous, quand vous étiez enfants, que vos parents, tout à votre santé et votre confort, débordants d’amour, vous « couvraient » littéralement de recommandations, en plus des du tee-shirt, de la chemise, du pull, du blouson, de l’écharpe, du bonnet et des gants dans lesquels ils vous avaient amoureusement emmitouflé avant de sortir ? « Reste couvert, garde tes gants et ton bonnet, couvre ton nez, » etc.

A l’entrée dans l’adolescence, vers 13 ou 14 ans, vers l’âge où l’on commence à se construire « contre » les parents ou toute forme d’autorité, vient une forme de « rébellion », plus ou moins exprimée suivant les individus d’ailleurs : du simple « mais oui, maman ! » – traduire « cours toujours » – au plus virulent « mais qu’est-ce qu’ils me gonflent » souvent gardé pour soi. Cette « bienveillance » à notre égard est perçue comme étouffante, gênante, entravante…

A l’âge adulte, nous pensons enfin en être débarrassé de cette emprise, ledit état d’adulte étant normalement signe d’autonomie, d’indépendance. Les parents restant des parents, ils ne pourront s’empêcher de « continuer » dans les schémas qui sont les leurs, mais dorénavant, nous pensons avoir plus le droit de répondre, ou de laisser courir…

Et surtout nous nous jurons de ne pas « devenir comme eux ! »

Et pourtant…

Pourtant, nous tomberons nous aussi invariablement et inévitablement dans ce « travers. » Que nous ayons des enfants ou pas, d’ailleurs ! Car ce petit « sport » se pratique entre adultes, plus ou moins consentants en l’occurrence… Et c’est de ce consentement dont nous allons notamment parler.

Sous prétexte de « vouloir le bien d’autrui », nous allons lui « imposer » notre bienveillance, de force s’il le faut, et contrairement à ce que l’on pense, rarement de la forme la plus douce qui soit, lui intimant, comme nous le verrons par la suite, d’être dans l’état que nous souhaitons pour lui… Avouez-le franchement : il vous est déjà arrivé de penser très fort « mais je sais conduire, c’est bon ! » quand quelqu’un vous gratifie d’un « sois prudent ! » au moment où vous prenez la route pour partir de chez eux… Si si, ça nous est TOUS arrivé !

Nous allons cependant commencer par décortiquer l’excuse bateau, la réplique fourre-tout qui intervient souvent si l’on « ose » répondre ce que nous avons pensé, même très fort, à la réception d’une telle attention, réplique qui a justement donné le titre de cet article : (mais) je ne veux que ton bien !

A elle seule, cette phrase vaut son pesant d’or, ou de cacahuètes, suivant l’étalon que vous lui appliquez :

  1. Tout d’abord, c’est une phrase négative : « je NE veux… » Ça commence bien !

  2. Ensuite, c’est une phrase restrictive : « je ne veux QUE« , sous-entendu « ça, et rien d’autre ! » On attendrait presque inconsciemment un « sinon… » À la limite du punitif.

  3. Et puis vient le fameux « bien !« , et là c’est l’apothéose ! Vous allez vite comprendre…

Pour justement comprendre cette phrase et cette notion de bien, nous allons triturer un peu cette phrase, et revenir à l’époque « bénie » des explications de texte à l’école. Il y a en effet plusieurs lectures possibles de cette phrase, même si je vois déjà venir les justifications du type « oui mais on a toujours dit comme ça », ou « c’est devenu tellement commun que c’est cette acception qui est la bonne… »

Vous avez peut-être déjà lu dans certains de mes articles – et vous le lirez encore dans d’autres – que le cerveau ne sait ni lire ni écouter, ni voir, etc. ! Il ne fait qu’interpréter ce qu’il reçoit et perçoit à l’aune de nos propres expériences, et nous restituer ce qu’il pense être la meilleure « réponse possible » aux stimuli. Mais en tout état de cause, il aura perçu tous les possibles d’un stimulus, et les aura gardés en mémoire. Le formatage et l’éducation que reçoit notre cerveau toute notre vie ne fait que conditionner « la réponse la plus adaptée au moment…« 

Prenons donc un peu de recul et considérons ce fameux « bien. » Inconsciemment, et surtout compte tenu du contexte, nous avons tendance à associer ce mot à la notion de « bien et mal. » Si nous nous en tenons à cette seule signification du mot « bien », nous pourrions d’ores et déjà tenter un effort de reformulation, en enlevant le caractère « négatif » de la phrase.

Nous pourrions alors dire : « je veux seulement ton bien » C’est loin d’être parfait, mais déjà ça « heurte » moins à la lecture et à l’écoute…

J’ai volontairement écarté un autre aspect de la phrase dans mon énumération précédente : le caractère à la fois égoïste et péremptoire de cette phrase, qui réside dans ces simples mots : « je veux. » Combien de fois d’ailleurs vos parents vous ont-ils justement répété quand vous étiez enfants « on ne dit pas je veux !… » Hein ?!… (Et toc.) Par un tic – erroné d’ailleurs – de langage, nous « exigeons » le bien « de » – autre tic foireux – la personne visée. Le tout pour finalement satisfaire notre ego, soyons honnêtes… Nous déchargeons notre conscience des responsabilités en nous disant que s’il arrive quelque chose à l’autre, ce sera la faute de l’autre, pas de la nôtre, puisque nous avons souscrit une « assurance responsabilité » avec notre « recommandation ». Et puis, surtout, nous pensons aux autres, nous !… Tout faux… once again !

Il serait plus judicieux, à la place, et pour laisser un peu plus « d’indépendance » à l’autre, de « souhaiter« , plutôt que de « vouloir… »

Reformulons donc une nouvelle fois notre phrase de départ. Nous obtenons maintenant : »je souhaite seulement ton bien ! » On progresse !

Ce qui est restrictif n’est pas forcément agréable, puisqu’il prive de facto de quelque chose. Donc pourquoi n’enlèverions-nous pas le « seulement ? » : « je souhaite ton bien.« 

Cette formulation amène maintenant – enfin ! – à la notion « d’appartenance » du bien : « ton » bien. Eh « bien », justement ! Le bien de l’autre n’est pas le nôtre ! Au-delà de cette apparente lapalissade, la réflexion est beaucoup plus profonde. En effet, la notion de bien est purement individuelle. Comment pouvons-nous alors déclarer ce qui peut/doit être bien pour l’autre – quand la plupart des gens ne le savent pas eux-mêmes, mais ça c’est une autre histoire…

Nous arrivons donc à une énième reformulation : « je souhaite le bien pour toi. » Largement mieux, mais j’aurais tendance à être exigeant, pour le coup ! Continuons donc …

J’ai – volontairement – conservé plus haut l’expression « vouloir le bien D‘autrui », et quelques lignes plus loin, j’ai taxé cette expression de « tic foireux… » Pourquoi ?

J’aurais gardé la ligne stricte de reformulation, suivant les « usages » qui auraient pu servir de justification pour cette expression évoqués plus haut, du genre, « mais on dit toujours comme ça », la dernière reformulation en date aurait dû être « je souhaite le bien DE toi » Et là notre cerveau tique.

Pourquoi ?

Parce que cette formulation renvoie instinctivement à une autre acception du terme « bien », relative à « ce que l’on possède. » Et du coup, au lieu de souhaiter à l’autre tout le bonheur du monde, on est en train de lui demander tout ce qu’il a ! Bug ! Même si l’on a « adouci » la chose avec un « je souhaite » de circonstance… D’où la correction « instinctive » avec le « pour. »

Or nous avons vu que la notion de bien est relative, individuelle et subjective. Nous devrons donc en tenir compte dans la (presque) dernière reformulation, ce qui nous donnera, enfin : « je souhaite ce que tu estimes être bien pour toi« 

Presque dernière ? C’est toujours pas fini ? Mais pourquoi ?

Les réponses à ces questions nous amènerons justement à la manière dont nous-mêmes formulons nos souhaits …

« Couvre toi bien, sois prudent, fais attention, roule prudemment, passe de bonnes vacances, etc. » La liste est presque interminable. Et je mets quiconque au défi, moi le beau premier, d’avoir jamais utilisé ce genre d’expressions.

Toutes ces expressions ont deux points communs, un sur la forme, un sur le fond.

Examinons tout d’abord la forme. Ce sont des expressions dont les verbes sont à l’impératif. Ce ne sont donc ni plus ni moins que des ordres que nous donnons à l’autre… Bonjour la bienveillance – et oui, même si c’est « dans son intérêt !… » Et puis nous l’avons bien compris juste avant, l’intérêt de l’un, son « bien », n’est pas forcément celui de l’autre. Ce sera donc le premier point que nous devrons corriger pour mieux faire passer notre « bienveillance. »

Concernant le fond, j’ai déjà commencé à en poser les jalons en parlant plus avant « d’assurance responsabilité. » Conserver une expression à l’impératif renvoie automatiquement la responsabilité à la personne qui reçoit la recommandation, du genre, « moi j’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai fait mon acte de bienveillance en te (or)donnant (!) la marche à suivre, maintenant, si ça foire, ça ne pourra pas être de ma faute mais de la tienne qui n’a pas respecté toute la bienveillance que j’avais mise au-dedans de toi… » (pardon pour ce petit clin d’œil !) Pas très bienveillant tout ça, non ?

Mais comment donc s’impliquer d’avantage ?

Nous avons déjà constaté au cours de cette discussion l’importance du souhait. Nous pourrons donc reformuler nos recommandations en utilisant le fameux « je souhaite… »

Ainsi donc, en lieu et place de « passe une bonne journée » somme toute assez péremptoire, nous pourrons dire « je souhaite que tu passes une bonne journée » Nous pourrons également en alléger la forme sans toucher au fond en utilisant cette version, que je trouve plus « puissante » encore : « je TE souhaite (de passer) une bonne journée.« 

Pourquoi plus « puissante ? » Car dans cette forme, « Moi » et « Toi » – Je / Te – commençons ensemble la phrase. Non seulement nous sommes « visuellement/auditivement » réunis mais, sur le fond, nous « partageons » quelque chose, et c’est dans ce partage que toute notre fameuse bienveillance pourra ainsi librement et sincèrement s’exprimer, voire permettre à celle de l’autre de s’exprimer tout autant en retour. Nous sommes alors dans le gagnant-gagnant !

Du jour où j’ai pris conscience de ce que je viens de vous expliquer jusqu’ici, je l’ai mis autant que faire se peut en pratique ces recommandations. Et j’avoue avoir été agréablement surpris. J’ai vraiment l’impression de me connecter à l’autre, un peu comme la fonction « ping » sur nos ordinateur : j’ai envoyé un signal vers toi, et tu me le renvoies à l’identique, mais avec ton individualité, en signe de reconnaissance, dans tous les sens du terme. Et j’avoue, c’est « touchant. » Je sens que l’autre est vraiment interpelé et touché par ce que je lui ai dit. Et je suis d’autant plus impliqué que j’ai pris le temps de vraiment formuler mon souhait, plutôt que de « balancer » à l’autre un pseudo-ordre.

Vous l’aurez donc compris, être « simplement » bienveillant n’est pas si facile que ça. Et surtout, notre manière de nous exprimer en dit long sur l’attention que nous portons aux autres. On « peut croire que… », et surtout être plein de bonne foi et de bonne volonté, mais être en fin de compte complètement à côté de la plaque… Oui, s’intéresser aux autres demande des efforts même, et surtout, dans la façon de s’adresser à eux. Nous sommes une « espèce » sociale, et si nous voulons rendre de la qualité à nos échanges, évoluer chaque jour vers le mieux, il est important de faire attention aux détails car pour une fois le lieu-commun a raison : les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Et sur la même lancée, j’en profiterai pour vous parler également d’une soit disant formule de salutation qui, personnellement, me hérisse le poil et me fait sortir de mes gonds, suivant le jour et l’humeur : le fameux « tu vas bien ? »

Une expression fourre-tout, qui veut tout et surtout rien dire, mais dont tout le monde use et abuse, une expression kleenex, à usage unique que l’on jette négligemment à la figure de l’autre…

Pourquoi tant de virulence, me direz-vous ? Eh bien, nous allons procéder à l’analyse de ces trois petits mots qui sont peut-être un détail pour vous, mais qui pour moi veulent dire beaucoup !

Tu-vas-bien…

Tout d’abord, nonobstant le point d’interrogation que l’on pourra qualifier ici « de politesse », histoire d’avoir l’air de s’intéresser à la personne, il n’en reste pas moins que cette phrase est rédigée dans un style déclaratif, qui plus est affirmatif. Eussions-nous vraiment voulu en faire une question, rédigée dans le style interrogatif idoine, cela aurait donné « vas-tu bien ? » Ce sont des basiques de la langue française.

Quant à l’aspect affirmatif, le fait qu’il n’y ait aucune trace de locution négative dans la phrase se suffit à lui même.

Vient ensuite le fameux « bien. » Encore lui ! Décidemment, il semblerait que nous ayons quelques difficultés avec son usage dans notre chère langue de Molière !…

Ce n’est pas « mal » ou même « comment » – qui serait un minimum de tentative d’intérêt envers l’autre – qui sont utilisés, mais bel et bien « bien ! » Vous l’aurez compris, notre interlocuteur n’a pas d’autre choix que d’aller bien, de toute façon.

Cette assertion est lourde de conséquence, vous l’aurez compris, quant à la distance que nous prenons vis-à-vis de l’autre. Comme dans les points évoqués depuis le début de cet article, nous lui remettons le « paquet » entre les mains, et qu’il se dé…brouille avec ! En réalité, quand nous utilisons cette phrase nous ne nous soucions pas de l’autre. Nous faisons notre devoir de politesse, et basta.

Par le simple style et le vocabulaire employés, nous induisons (fortement…) la réponse que nous attendons. Dans la plupart des cas, je l’ai testé un nombre de significatif de fois depuis des décennies, parce que j’allais vraiment mal, et des fois, je l’avoue, par jeu, un « non » est assez malvenu comme réponse. Vous aurez alors droit à une deuxième salve du genre « sois patient / ça ira mieux plus tard, etc. », quand ce n’est pas au déballage des malheurs de celui qui vous a posé la question, histoire de vous prouver « qu’il en a encore plus que vous !… »

Encore une fois, nous sommes loin de la bienveillance affichée et peut-être (trop souvent ?) sincèrement (et pour le coup malheureusement) souhaitée !

Certes, « comment vas-tu ? », qui est la question correcte en l’état, ouvre tous les possibles comme réponses, même ceux que nous ne sommes pas disposés, au moment où nous la posons, à entendre. Nous avons peut-être nos propres soucis, et n’avons pas forcément envie d’entendre ceux des autres en plus… C’est humain, et compréhensible.

Pourquoi alors ne pas s’abstenir tout simplement de poser la question, plutôt que de potentiellement en « rajouter une couche » à quelqu’un qui n’irait justement pas bien et à qui, sous prétexte de paraître poli, ou « parce que c’est l’usage », on dirait finalement « je te le demande parce qu’il le faut bien, mais j’en ai rien à faire (et je suis poli !) de ta réponse, garde tes malheurs pour toi, moi j’ai déjà les miens ! » Toujours pas très bienveillant comme sous-entendu, non ? Et pourtant c’est la vraie signification de ce fameux « tu vas bien ? »

J’ai, j’avoue, l’ai de mener une croisade. J’espère qu’elle ne sera pas veine. On pourrait m’accuser de vouloir chercher la petite bête, je le concède. Mais je m’y oppose ! Un « tout » n’est ni plus ni moins qu’une somme de détails. Et chaque détail à autant d’importance que les autres sinon le « tout », sinon il ne serait pas complet, il ne serait pas ce qu’il doit être.

La bienveillance, rappelons-le, c’est « vouloir » le bien d’autrui, étymologiquement, et à par son orthographe propre se rajoute la notion de « veiller » au bien d’autrui.

Nous vivons une époque où les émotions s’exacerbent. Le « contexte » de crise, qu’elle soit économique, sociale, globale, …, nourrit ces émotions, pour le plus souvent « négatives. » Depuis une bonne vingtaine d’année maintenant, la fameuse « empathie » ne cesse de revenir à l’ordre du jour, dans tous les domaines, individuels, professionnels, sociaux. Cette notion d’empathie, par sa définition même montre bien l’importance que revêtent les émotions dans notre société, puisqu’il s’agit, pour faire court, de la « capacité à ressentir les émotions des autres. »

Une peur sourde et latente parasite notre société depuis plusieurs années maintenant, qu’il s’agisse de la peur d’une nouvelle guerre mondiale, de catastrophes naturelles, du terrorisme, de perdre son emploi, de voir sa famille éclater, j’en passe et des meilleures… Et l’on peut dire que tant les médias que la classe politique ne font rien pour nous rassurer !…

La peur, dans plusieurs philosophies dites orientales est considérée comme l’émotion « maîtresse », de laquelle découlent toutes les autres émotions négatives. Et il faut bien admettre que nous passons tous beaucoup plus de temps à fuir, éviter, réparer nos peurs qu’à simplement chercher notre joie et les moyens de l’entretenir…

Toutes les émotions, qu’elles soient négatives ou positives, se nourrissent de la même manière : grâce à celles des autres individus – cf. La fameuse empathie… Nous comprenons donc que le travail commence par nos simples interactions avec les autres, par les émotions que nous allons échanger avec eux. Et par effet miroire, si nous voulons que les autres nous renvoient le meilleur, nous devons le leur fournir de même.

Cela commence dans toutes ces petites phrases que l’on prononce à longueur de journée, sans plus y penser, sans plus faire attention aux sens même des mots, au risque d’appeler à la place plus de maux que de biens.

Reprenons en main tous ces mots qui, bien souvent sont les derniers ou les premiers que nous échangeons avec une personne, pour un moment ou plus longtemps, ces mots qui laisseront une première ou une dernière impression de nous.

Alors avec tout mon amour et ma bienveillance, je vous souhaite de très agréables moments après avoir lu cet article ! Je vous souhaite de pouvoir prendre soin de vous et surtout d’en trouver les moyens, et surtout de pouvoir continuer à progresser sur votre propre chemin de vie !

« Bien » à VOUS ! 😉

 
 
 

Comments


bottom of page